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1850-Mort de TAKANO Chôei lors de son arrestation.-Visite de l'ambassade du royaume de Ryûkyû à Édo.-Début de la révolte des Taiping (Tàipíng Tiānguó 太平天国) en Chine.1851-Rétablissement de la corporation des armateurs d'Édo (Édo Jukkumi-don'ya 江戸十組問屋), afin d'assurer la distribution régulière des marchandises transportées du Kansai.-Coup d'État du 2 décembre 1851.1852-La flotte américaine dirigée par Commodore Matthew Perry quitte le port de Norfolk, Virginie. Sa destination est le royaume de Ryûkyû et le Japon.-Le chef du Comptoir néerlandais transmet la lettre du gouverneur de Java avertissant le shogun de l'arrivée imminente de la flotte américaine.-Second Empire.1853
-Arrivée de la flotte américaine de Commodore Matthew Perry à Naha (Ryûkyu) et puis à Uraga, tout près d'Édo. L'attitude du militaire américain était pour les Japonais tout simplement arrogante et menaçante : c'était une diplomatie de la cannonière.-Le rôjû shuza ABE Masahiro 阿部正弘 demande aux grands seigneurs et aux samouraïs du shogunat l'opinion sur la politique étrangère à prendre; ce qui se révèlera une énorme imprudence politique.-Arrivée de l'amiral russe Ievfimy Poutiatine et sa flotte à Nagasaki. A la différence de son homologue américain, le noble cultivé se comporte poliment, d'autant plus que le tsar lui a ordonné de négocier à l'amiable avec le Japon.-Le shogunat décide de créer une marine à l'occidentale et passe la commande de deux vaisseaux aux Pays-Bas.
-Le chef du Comptoir néerlandais Jan Curtius conseille au shogunat de fonder une école navale pour la formation des officiers; le projet portera ses fruits deux ans plus tard avec la fondation du Nagasaki Kaigun Deshûjo.-Début de la guerre de Crimée. La France s'allie à la Grande Bretagne contre la Russie.1854-Arrivée à Nagasaki de la flotte anglaise dirigée par James Stirling.-Signature du Traité de paix et d'amitié avec les États-Unis : Le Nichibei Washin Jôyaku 日米和親条約, que l'on appelle aussi Convention de Kanagawa, préscrit l'ouverture des deux ports, Shimoda et Hakodate, l'assistance aux naufragés, et l'installation du consulat américain au Japon. Il en sera à peu près de même avec l'Angleterre, la Russie et les Pays-Bas cette année-là et celle suivante.-Signature du Traité d'amitié (Ryûbei Shûkô Jôyaku 琉米修好条約) entre le royaume de Ryûkyû et les États-Unis. Il préscrit l'assistance aux naufragés et le ravitaillement des bateaux.1855-Renforcement de l'armement par le shogunat. Les seigneuries doivent faire de même.-Grand séisme à Édo (Ansei Edo Ô-jishin 安政江戸大地震).-Fondation du Yôgakusho 洋学所, centre des sciences étrangères, séparé de l'Observatoire shogunal. Il sera une des origines de l'Université de Tokyo.
-Les Pays-Bas donnent au shogunat comme cadeau Le Soembing, vaisseau à vapeur avec six canons. Rebaptisé Kankômaru 観光丸, il sera le premier bateau à vapeur du Japon et servira à l'enseignement et à la formation des premiers élèves à l'École navale.-Ouverture du Nagasaki Kaigun Deshûjo 長崎海軍伝習所, École navale fondée par le shogunat à Nagasaki. En fait, on doit tout aux Pays-Bas : les professeurs était tous Néerlandais, et le vaisseau d'entraînement Kankômaru est le cadeau de ce pays.-Arrivée au royaume de Ryûkyu des trois prêtres français des Missions étrangères de Paris. Parmi eux, le P. Eugène-Emmanuel Mermet-Cachon sera l'interprète des premiers diplomates français au Japon.1856
-Arrivée de Townsend Harris, premier consul des É.-U. Il fondera son consulat à Shimoda. Sa mission est d'établir une relation commerciale stable avec le Japon au moyen d'un traité de commerce. Sans carrière ni expérience dans la diplomatie, ce marchand new-yorkais devra tout à la puissance militaire de son pays.-Le shogunat effectue les exercices militaires à l'occidentale.-Seconde guerre de l'opium : en vue d'obtenir plus de concessions diplomatiques et économiques, le gouvernement anglais recommence la guerre contre la Chine; cette fois-ci la France du Second Empire y participe par la convoitise.1857-Le consul américain Harris force le shogunat à accepter le commerce libre, sous la menace de la flotte qui guette Édo.
-Le préfet de Hakodate MURAGAKI Norimasa 村垣範正 organise une campagne de vaccination contre l'épidémie de variole chez les Aïnous. KUWATA Ryûsai 桑田立斎, médecin envoyé par le shogunat, y a joué un rôle important.-Rébellion indienne de 1857 (Révolte des cipayes).1858-Le rôjû shuza HOTTA Masayoshi 堀田正睦, partisan de la ré-ouverture du pays et du commerce libre, visite Kyôto et demande l'approbation impériale des traités de commerce avec les Occidentaux. L'empereur Kômei 孝明天皇 était cependant extrêmement xénophobe, et la majorité des aristocrates d'abord réticents ont basculé vers l'opposition aux traités; HOTTA devra quitter la capitale les mains vides.
-Nomination de II Naosuke 井伊直弼 au poste de tairô 大老, le ministre suprême shogunal. Il est pour la ré-ouverture du pays, mais essentiellement conservateur et ne veut point ouvrir la porte du pouvoir aux grands seigneurs en dehors du cercle traditionnel des fudai daimyô, vassaux séculaires du shogun.-Chute de HOTTA Masayoshi, non pour l'échec en manœuvres auprès de la cour mais pour avoir setenu HITOTSUBASHI (TOKUGAWA) Yoshinobu 徳川慶喜 comme héritier éventuel du shogun malade Iesada. En effet, celui qui lui succédera est TOKUGAWA Yoshitomi 徳川慶福 (futur Iemochi 家茂), grand seigneur de Wakayama, que II Naosuke soutient.-Signature sans approbation impériale du traité de commerce avec les É.-U. (appelé aussi Traité de Harris), puis avec les autres pays occidentaux. Les traités sont typiquement inégaux : le Japon admet l'extraterritorialité à leurs nationaux et abandonne la liberté de taxer les produits étrangers. La relation diplomatique à plein titre, au niveau ministriel, est aussi établie.-L'empereur Kômei donne une lettre secrète au grand seigneur de Mito (Ibaragi). Il est le fils de TOKUGAWA Nariaki 徳川斉昭, un des principaux leaders de la xénophobie (jôi 攘夷, rejet des étrangers). Le monarque y reproche au shogunat d'avoir signé le traité de commerce sans son approbation, et demande la collaboration entre la cour et le shogunat dans le but de repousser les étrangers. Adressée directement à un grand seigneur, quoique du clan shogual, cette lettre déroge clairement au Code de la cour promulgué par le shogunat.-Déclenchement de la purge d'Ansei (Ansei no taigoku 安政の大獄). II Naosuke réprime violemment les opposants des deux catégories : la première est la faction Hitotsubashi qui a soutenu TOKUGAWA Yoshinobu comme héritier shogunal; la seconde est celle des xénophobes qui veulent annuler les traités. L'intersection de ces deux est la seigneurie de Mito, dont TOKUGAWA Yoshinobu est originaire et qui est le foyer de la xénophobie.-Épidémie de choléra à Édo. Il y aura 28000 morts, selon les contemporains.-Arrivée du diplomate français Jean-Baptiste Louis Gros avec trois vaisseaux à Édo. La France aura le traité d'amitié et de commerce avec le Japon comme les autres pays occidentaux.-Dissolution de la Compagnie britannique des Indes orientales et fin de l'Empire moghol.-Traité de Tiānjīn. Un traité inégal de plus pour la Chine.1859-Ouverture des ports de Yokohama, Nagasaki et Hakodate avec l'autorisation du commerce libre. La sécurité n'est pourtant pas assurée : deux marins russes seront tout de suite tués à Yokohama.
-Arrivée des premiers consuls générals européens, le français Gustave Duchesne de Bellecourt et l'anglais Rutherford Alcock. Celui-là aura le titre de chargé d'affaires en 1860 et de ministre plénipotentiaire en 1861.-Publication du « Furansu Shirin 仏蘭西詞林 », premier dictionnaire français-japonais, par MURAKAMI Hidetoshi 村上英俊.-Publication du « Kôeki Kokusan Kô 広益国産考 », traité des produits agricoles commerciaux, par ÔKURA Nagatsune 大蔵永常.-« L'Origine des espèces » de Charles Darwin.1860
-L'ambassade du shogunat visite les É.-U. en vue d'échanger les lettres de ratification du Traité de Harris. Les expériences à l'étranger des fonctionnaires japonais, pour la première fois depuis le 9e siècle, ont fort impressionné le shogunat.-Traversée de l'océan pacifique du Kanrinmaru 咸臨丸, vaisseau du shogunat, accompagnant la délégation pour les É.-U. L'équipage est composé des Japonais, mais l'assistance des marins américains embarqués au titre de conseillers était indispensable surtout pour l'allée.-Assassinat du tairô II Naosuke (Sakurada-mon-gai no Hen 桜田門外の変). Les malfaiteurs étaient des samouraïs d'origine de la seigneurie de Mito et de Satsuma. Le politicien était isolé, voire detesté au sein du shogunat, à cause de l'impitoyable purge des ses adversaires. Et sa mort violente ternira encore plus le prestige du shogunat.-Chute de Pékin dans la seconde guerre de l'opium. La belle villa imprériale à l'occidentale Yuánmíngyuán construite par les missionnaires jésuites sera saccagée par les soldats français, puis détruite par les Anglais.-Annexion du comté de Nice par la France. Napoléon III reussit à le faire céder par Victor-Emmanuel II, en échange avec la coopération française au Risorgimento.1860-61-Les attentats visant les étrangers sont très nombreux. L'interprète officiel américain est assassiné; plusieurs autres sont aussi tués ou blessés.1861-Incident de Tsushima : la corvette russe Posadnik vient à l'île de Tsushima, occupe une baie, et construit une caserne. Les Russes exigent la location perpetuelle de la baie et refusent de partir. Le shogunat recourt finalement aux Anglais; devant leurs deux bâtiments de guerre, les Russes partiront doucement.
-Départ de l'ambassade du shogunat pour l'Europe (Ken'ô shisetsu 遣欧使節), embarquée à bord du navire anglais HMS Odin. Les représentants du Japon verront Napoléon III, Guillaume Ier de Prusse et Alexandre II de Russie entre autres.-Premier attentat contre la légation anglaise : les terroristes originaires de Mito y pénètrent pour tuer les diplomates. -Inspection des îles Ogasawara par le shogunat : les habitants occidentaux acceptent la souveraineté nipponne. -Abolition du servage en Russie.-Déclenchement de la guerre de Sécession aux É.-U. La présence américaine au Japon baisse pendant cette guerre civile.-Achèvement du Risorgimento : proclamation du royaume d'Italie avec Victor-Emmanuel II sur le trône.1862-Atttentat contre le rôjû shuza ANDÔ Nobumasa 安藤信正 (Sakashita-mon-gai no Hen 坂下門外の変). Les adeptes de la xénophobie et du loyalisme à l'empereur attaquent le cortège de l'homme politique, qui en sera blessé. ANDÔ travaillait pour la collaboration entre la cour impériale et le shogunat, ce qui ne plaisait pas ceux-là.-Mariage du shogun TOKUGAWA Iemochi 徳川家茂 et la princesse Kazunomiya 和宮, considéré comme le symbole de la collaboration impérialo-shogunale.-Incident de Namamugi (Namamugi jiken 生麦事件) : les gardes du corps de SHIMAZU Hisamitsu, père du grand seigneur de Satsuma, attaquent les quatre Anglais montés sur des chevaux qui ont perturbé son cortège. Un mort et deux grièvement blessés. Cet incident va encourager beauoup les xénophobes et les loyalistes à l'empereur.-Le terrorisme des xénophobes-loyalistes s'exacerbe surtout à Kyôto, pour faire taire voire faire disparaître ceux qui sont pour la collaboration impérialo-shogunale.-Chute de NAGAI Uta 長井雅楽 dans la seigneurie de Hagi (appelée Chôshû 長州). Il travaillait pour la collaboration impérialo-shogunale dans la scène politique nationale. Les xénophobes-loyalistes vont saisir le pouvoir à Chôshû.-Second attentat contre la légation anglaise : les terroristes de Chôshû y met le feu. ITÔ Hirobumi 伊藤博文 et INOUE Kaoru 井上馨 y participent mais échappent à la poursuite policière. Ils seront le Premier ministre et le Ministre aux Affaires étrangères respectivement, après la Restauration.1863-L'empereur Kômei se rend à plusieurs sanctuaires shintoïstes près de Kyôto, afin de prier pour repousser les puissances étrangères. Le shogun en visite de la capitale devra lui promettre la mise en œuvre du souhait du monarque jusqu'au 5e mois luni-solaire de cette année-là.-Voulant empêcher aux navires étrangers le passage du détroit de Kanmon entre les îles Honshû et Kyûshû, Chôshû canonne un bateau commercial américain et un navire de guerre français. En représailles, les Américains et les Français ont donné un coup dur à la flotte et aux batteries de la seigneurie. Celle-ci prétendra qu'elle a tout simplement donné suite à la promesse du shogun.
-ITÔ Hirobumi et INOUE Kaoru, participants à l'attentat contre la légation anglaise de l'année précédente, partent pour l'Angleterre avec trois autres de Chôshû. A peine arrivés à Londre, ils se coifferont et s'habilleront à l'occidentale. Ils repartiront seulement six mois après, mais complètement convertis pour l'ouverture du pays.-Guerre anglo-satsuma. En représailles de l'incident de Namamugi, les Anglais bombarde la ville de Kagoshima, chef-lieu de la seigneurie.-Contre-attaque des partisans de la collaboration à la cour impériale : l'empereur Kômei, inquiet de la prédominance des anti-shogunaux dans la cour, consent à les expulser. Il est toujours pour la collaboration avec le shogunat, tout en gardant sa xénophobie.-Installation des premiers prêtres catholiques à Nagasaki : le père Louis-Theodore Furet des Missions Étrangères de Paris vient de Yokohama à Nagasaki. Le père Bernard Petitjean le suivra peu après. Ils vont construire une église au quartier d'Ôura.
-Seconde ambassade du shogunat pour la France : le but est la clôture du port de Yokohama, comme symbole de l'« expulsion des étrangers » que le shogun a été obligé de promettre à l'empereur. Mais la mission est évidemment impossible. L'ambassadeur IKEDA Nagaoki 池田長発, jeune élite du shogunat, soutiendra le commerce libre et l'ouverture plus avancée du pays après son retour en 1864.-Abolition de l'esclavage aux É.-U. déclarée par le président Abraham Lincoln.1864-Incident d'Ikedaya : les forces de l'ordre neutralisent les terroristes xénophobes-loyalistes qui préparaient les attentats à Kyôto.
-Putsch manqué par Chôshû (Kinmon no Hen 禁門の変) : les extrémistes xénophobes-loyalistes veulent rétablir leur prépondérance à la cour, et la seigneurie de Chôshû contrôlée par eux dirige sa troupe pour prendre d'assaut le Palais impérial. Le putsch échoue devant la riposte des seigneries pro-shogunales qui le gardent. La bataille d'une seule journée causera quand même un incendie dévastateur dans la capitale impériale.-Chôshû est déclaré ennemi impérial. Le shogunat organise une expédition de représailles. La première campagne n'aura qu'une victoire nominale.-Bombardement de Shimonoseki. En riposte au blocage du détroit de Kanmon par Chôshû, les navires des quatre pays occidentaux canonnent la ville de Shimonoseki. Conscients enfin de leur impuissance, les xénophobes-loyalistes de Chôshû abandonnent l'affrontement aux étrangers et se concentrent sur la lutte contre le shogunat.1865-Seconde campagne de Chôshû. Cette fois-ci, le moral de l'armée gouvernementale est extrêmement bas, sans motivation suffisamment convaincante du combat.
-Achèvement de l'Église catholique d'Ôura (Ôura Tenshudô 大浦天主堂) à Nagasaki, dédiée aux vingt-six martyrs japonais. La construction a été confiée au chef de charpentiers KOYAMA Hidenoshin 小山秀之進, selon le plan tracé par les pères Furet et Petitjean.
-Découverte des chrétiens cachés : un groupe de visiteurs à l'Église d'Ôura ont confessé au père Petitjean leur foi chrétienne qu'ils gardaient de génération en génération en dépit des deux siècles et demi de persécutions atroces.-La flotte unie des quatre pays occidentaux (France, Angleterre, Pays-Bas et É.-U.) avance à Hyôgo (actuel Kobé). Sous la menace directe, l'empereur Kômei approuve enfin les traités de commerce.
-Début de la construction de l'Usine sidérurgique de Yokosuka (Yokosuka Seitetujo 横須賀製鉄所). Le projet a été conçu par OGURI Tadamasa 小栗忠順, admininistateur de la Finance (kanjô bugyô 勘定奉行), et bénéficie de l'assistance totale de la France. L'usine ainsi construite sera le futur Arsenal naval de Yokosuka.
-Fondation du Yokohama Furansugo Denshûjo 横浜仏蘭西語伝習所, école shogunal de la langue française, sous l'initiative d'OGURI Tadamasa. Le but en est principalement la formation des officiers francophones dans l'Armée shogunale. Le shogunat envisage en effet la modernisation de son armée à la française. Les étudiants doivent maîtriser non seulement la langue française mais aussi les mathématiques, la géographie, l'histoire et l'équitation en même temps que l'anglais.
-Ernest Satow, interprète officiel de la légation anglaise, commence à travailler pour la coalition de Chûshû et de Satsuma, dans la même ligne que SAKAMOTO Ryôma de la seineurie de Tosa (actuel Kôchi) entre autres. Les Anglais savaient en ce moment-là que les grands seigneuries de l'Ouest désiraient le commerce avec eux et que le shogunat y était un obstacle.-Fin de la guerre de Sécession. Il arrivera tout de suite au marché de Shanghai des flots d'armes abandonnées à cause de la paix.1866-La seconde campagne de Chôshû finit par la défaite du shogunat, sous la forme d'armistice. La seigneurie se procurait les armes de pointe utilisées dans la guerre de Sécession par l'intermédiaire de Thomas Glover, marchand britannique à Nagasaki.
-Libéralisation par le shogunat d'aller à l'étranger pour les études ou le commerce.-Apparition des trois articles anonymes par Ernest Satow, interprète officiel de la légation anglaise, dans le journal Japan Times. Il y nie la souveraineté au shogun. Il les traduit en japonais et les fait circuler par copies à main, comme s'il s'agissait de la vue officielle de l'Angleterre.-Mort du shôgun TOKUGAWA Iemochi.-Coalition de Chôshû et de Satsuma conclue en vue d'abattre de force le shogunat, gouvernement légitime.-Mort de l'empereur Kômei. Le prince héritier Mutsuhito 睦仁 va lui succéder l'année suivante (l'empereur Meiji 明治天皇). Il n'a que seize ans pour cette période difficile.-Publication de la première partie du « Seiyô Jijô 西洋事情 » par FUKUZAWA Yukichi 福沢諭吉, compte rendu auprès du public de ce qu'est l'Occident. L'auteur a en effet participé aux deux ambassades shogunales pour les É.-U. et pour l'Europe.-Publication des Recherches sur des hybrides végétaux par l'abbé Gregor Mendel.1867-Publication du livre intitulé « Eikoku Sakuron 英国策論 », qui réunit les traductions des trois articles d'Ernest Satow, par les éditeurs de Kyôto et d'Osaka. Il va influencer beaucoup l'opinion public.
-Ambassade du shogunat à l'occasion de l'Exposition universelle de Paris : TOKUGAWA Akitake, fils de Nariaki le xénophobe, est l'ambassadeur titulaire à l'âge de quize ans. Après sa mission, il était prévu qu'il allait rester en France pour cinq ans pour les études.-Le P. Mermet-Cachon, présumé mentor de TOKUGAWA Akitake, est récusé par les représentants du shogunat. Pour s'en venger, il publie un article sur un journal, disant que le shogunat n'a pas la souveraineté du Japon qui est en réalité un état fédéré. Influencé, le gouvernement français refusera l'emprunt de six millions de francs demandé par le shogunat. Un coup de grâce pour le gouvernement légitime du Japon.-Ceux qui veulent abattre le shogunat deviennent majoritaires à la cour impériale, le noble moyen IWAKURA Tomomi 岩倉具視 à la tête. Ils comptent sur la force militaire des seigneuries de l'Ouest, notamment Satsuma et Chôshû.-
Eejanaika ええじゃないか : vagues d'agitations populaires, avec souvent la dispersion des talismans des sanctuaires shintoïstes, dans les régions Kansaï, Shikoku et Tôkai. Les participants criaient en général comme mots d'ordre Eejanaika, qui veut dire Ça va! ou Ça ira!. Il peut s'agir des manœuvres des agents anti-shogunaux auprès du peuple.-Arrestation des croyants catholiques du village d'Urakami (Urakami yonban kuzure 浦上四番崩れ) : les anciens chrétiens cachés d'Urakami, encouragés par la présence des prêtres français, confessent si ouvertement leur foi catholique que le préfet de Nagasaki a arrêté les 68 principaux fidèles. Devant la protestation du ministre français Léon Roches au shogun TOKUGAWA Yoshinobu, pourtant, le shogunat ne pouvait endurcir la persécution. Les vraies épreuves difficiles à supporter attendent les fidèles après la Restauration.-Taisei Hôkan 大政奉還 : le shogun TOKUGAWA Yoshinobu restitue le pouvoir politique à l'empereur. Il se résigne désormais au statut du plus grand des daimyô.1868-Coup d'État de la Restauration : ceux qui veulent abattre le shogunat saisissent la cour et ordonne à TOKUGAWA Yoshinobu de remettre son immense fief à l'empereur.
-Combats à Toba-Fushimi, au sud de la capitale Kyôto : les troupes du shogunat perdent. TOKUGAWA Yoshinobu, au lieu de riposter, s'enfuit à Édo délaissant son armée à Osaka.-Chute d'Édo sans résistance devant l'armée du nouveau gouvernement. Une fraction des samouraïs du shogunat se retranchent à Ueno (Édo) mais ils seront bientôt chassés. La flotte du shogunat dirigée par ENOMOTO Takeaki 榎本武揚 se détachera pour aller à Hakodate en dissidence.-La formation de la ligue Ôuetsu Reppan Dômei 奥羽越列藩同盟 des 25 seigneuries du Tôhoku. Elle est née de la résistance au nouveau gouvernement inpitoyable contre Aizu et Shônai, deux seigneuries qui luttaient pour le shogunat. Elle envisagera l'indépendance du Nord, mais finalement déposera les armes cette année-ci même.-Reconduction de l'interdiction du christianisme : le nouveau gouvernement interdit toujours le christianisme, catholique et protestant, comme sous le shogunat.-Endurcissement de la persécution des catholiques d'Urakami : les représentants du nouveau gouvernement à Nagasaki demandent l'exécution des principaux fidèles catholiques et l'exil des autres; face aux protestations du corps diplomatique, l'exil de tous ceux qui refusent l'abjuration est décidé.-Édo est rebaptisé Tokyo, qui signifie la capitale de l'Est.-On ouvre une nouvelle ère nommée Meiji 明治. Dorénavant, on ne changera pas le nom de l'ère tout au long du règne d'un empereur, imitant les dynasties chinoises Míng et Qīng.-Déplacement de l'empereur à Tokyo. Il reviendra à Kyôto peu après.
-Fondation de la République d'Ezo : la flotte de l'ancien shogunat arrive à Hakodate avec 3000 hommes. Ils mettent l'Ezo-chi tout entier sous le contrôle, et fonde un gouvernement de facto dirigé par ENOMOTO Takeaki sous la forme de république.-FUKUZAWA Yukichi rebaptise son école privée Keiô Gijuku 慶應義塾 : elle sera une des plus importantes universités privées Keiô Gijuku Daigaku 慶應義塾大学 (ou simplement Keiô Daigaku 慶応大学).1869-Hanseki Hôkan 版籍奉還 : les grands seigneurs restituent leur fief à l'empereur. En revanche, ils seront nommés gouverneurs du territoire (han 藩) correspondant à leur ancienne seigneurie. Pour l'ancien domaine shogunal et les fiefs des samouraïs du shogunat, le gouvernement établit les départements (ken 県) et leurs préfets sont nommés parmi les fonctionnaires.-Déplacement de l'empereur à Tokyo. Il ne reviendra plus à Kyôto que pour les voyages. Le gouvernement s'installe aussi à Tokyo. Mais l'édit du déplacement de la capitale ne sera jamais émis.-Capitulation de la République d'Ezo. -Publication du « Hissan Kunmô 筆算訓蒙 », manuel d'arithmétique à l'occidentale, par FUKUZAWA Yukichi.
-Fondation des écoles primaires aux circonscriptions à Kyôto : les citoyens fondent en principe une école primaire à chacun des 66 bangumi 番組, groupes des quartiers. Le bangumi sert ainsi de la circonscription. Bénéficiant du prêt du département, les citoyens du bangumi se sont engagés activement à la construction et à la gestion de leur école.-Les écoles civiles du shogunat sont ré-organisées pour fonder l'Université. Elle sera appelée ensuite Université impériale (de Tokyo), et puis Université de Tokyo.-L'Ezo-chi est rebaptisé Hokkaidô.-Inauguration du canal de Suez.1870-Édit de Taikyô Senpu 大教宣布 : le kokka shintô, shintoïsme d'État, est proclamé comme religion d'État. Mélange du chauvinisme avec le culte de l'empereur et de l'idéologie réactionnaire très subjective du « retour à l'antiquité », il ne sera jamais accuilli par le peuple comme véritable religion. -Vaccination de la variole est effectué dans toutes les collectivités locales.-Promulgation des Principes du nouveau code pénal, Shinritsu Kôryô 新律綱領. Il est principalement basé sur le min-shin ritsu 明清律, droit pénal de la Chine sous les dynasties Míng et Qīng, ajoutés des éléments du Kujigata O-sadamegaki 公事方御定書, Code pénal du shogunat. Somme toute, il envisage plutôt le retour à Yôrô ritsu 養老律 de l'antiquité.-Ouverture des six écoles primaires et un collège à Tokyo.-Guerre franco-allemande de 1870. La défaite de Sedan. Fin du Second Empire et instauration de la Troisième République.1871-Fondation du premer quotidien Yokohama Mainichi Shinbun 横浜毎日新聞.-Installation du régime centralisé (Haihan chiken 廃藩置県) : le territoire est ré-organisé en départements (ken 県) et les anciens territoires féodaux (han 藩) sont supprimés. Les nouveaux départements sont administrés par les préfets nommés parmi les fonctionnaires.
-Publication du « Agura-nabe 安愚楽鍋 » par KANAGAKI Robun 仮名垣魯文. Héritier des kokkeibon, ce roman décrit ce qui se passe au restaurant de gyûnabe (sukiyaki d'aujourd'hui), à la pointe de la mode.-Promulgation du Shinka Jôrei 新貨条例, décret sur le système monétaire : le gouvernement envisage l'étalon-or, avec une nouvelle unité yen.-Traité d'amitié avec la Chine (Nisshin Shûkô Jôki 日清修好条規). Les conditions y sont les mêmes pour les deux pays, et donc pas d'inégalité.-Cérémonie de la nomination de SHÔ Tai 尚泰 comme roi de Ryûkyû célébrée par l'ambassade chinoise.-Ambassade du nouveau gouvernement pour les É.-U. et l'Europe, en vue de la révision des traités inégaux.-La Commune de Paris.1872-Fondation du Ryûkyû-han 琉球藩 par le gouvernement japonais. Le royaume est dégradé au statut du han (catégorie qu'on a supprimée pour la métropole), mais le roi gardera son titre; le nouveau han sera toujours dans la compétence du ministère aux affaires étrangères.-Affaire Yamashiroya : premier scandale de la grave corruption de l'oligarchie. Le marchand Yamashiroya Wasuke 山城屋和助 s'est suicidé à l'âge de 35 ans dans les locaux du Ministère de l'Armée de terre, devant sa faillite imminente. Cet aventurier ancien militaire de Chôshû a emprunté illicitement une somme colossale du Ministère pour la spéculation sur le marché de soie. Son silence éternel a sauvé notamment son compatriote YAMAGATA Aritomo 山県有朋, qui sera le chef des gens de Chôshû dans la politique.-Mise en service de la télégraphie internationale grâce aux câbles sous-marins. Le réseau des câbles dans le pays est en même temps installé.-Promulgation du Gakusei 学制, décret envisageant l'Éducation nationale à la française.
-Fondation de la Filature de soie de Tomioka (Tomioka Seishijô 富岡製糸場) dans le département de Gunma. Construit sous la direction de Paul Brunat, la technique et la gestion sont introduites de la France. L'usine nationale jouera un rôle extrêmement important dans l'amélioration de la qualité de la soie grège, premier article d'exportation du pays.-Mise en service du chemin de fer national entre Tokyo et Yokohama. Il doit tout aux ingénieurs anglais, mais ils sont tous employés par le gouvernement japonais et partiront à la fin de leur mandat, laissant la gestion aux Japonais.1873-Établissement de l'armée de conscription. Les roturiers aussi devront désormais être soldats. Pour les anciens samouraïs, c'est une menace directe sur leur raison d'être; pour le peuple c'est une autre charge pénible de plus. Les gens feront en effet tout pour s'y dérober.-Promulgation du Kaitei Ritsurei 改定律例, supplément du Shinritsu Kôryô mis en vigueur en 1870. Le droit pénal du Japon est désormais quelque peu influencé par le Code pénal français : les peines de flagellation et d'exil sont abolies.-Débat sur la conquête de la Corée au sein du gouvernement japonais (Seikanron 征韓論). Celui-ci veut faire accepter à la Corée le titre de l'« empereur » du nouveau chef de l'État japonais, ce qui est impossible pour les pays sous la suzeraineté chinoise comme la Corée. Parmi les dirigeants politiques, SAIGÔ Takamori 西郷隆盛, ITAGAKI Taisuke 板垣退助, ETÔ Shinpei 江藤新平 et leurs amis veulent « châtier » la Corée au plus tôt, mais la majorité reste plus prudente. Les belliqueux quittent le gouvernement.-Abandon de l'interdiction du christianisme : le gouvernement, soucieux de se montrer civilisé devant les Occidentaux pour la révision des traités inégaux, abandonne à la fin la persécution des catholiques. Les survivants des fidèles exilés d'Urakami reviendront à leur village.1874-ITAGAKI Taisuke, ETÔ Shinpei, GOTÔ Shôjirô et les autres organisent l'association politique Aikoku Kôtô 愛国公党 (Parti public du patriotisme), en demandant la fondation de l'assemblée élue au suffrage. Outre le droit de l'homme, il réclame aussi l'élargissement de l'influence japonaise.-Rébellion de Saga 佐賀 : avec ETÔ Shinpei, les anciens samouraïs mécontents de la perte de leur privilège se soulèvent à Saga (Kyûshû). Ils seront battus peu après.
-Expédition militaire au Taïwan : sous le prétexte de représailles pour la tuerie des naufragés du Ryûkyû par les aborigènes taïwanais en 1871, l'armée japonaise envahit le Taïwan et occupe une partie de l'île. La négociation diplomatique aboutira au paiement de l'indemnité par la Chine, ce qui implique malgré elle sa reconnaissance tacite de la souveraineté japonaise sur le Ryûkyû.-Le Ministère de l'intérieur s'occupe dorénavant du Ryûkyû-han, l'ancien royaume de Ryûkyû, au lieu du Ministère aux affaires étrangères. C'était une conséquence directe de l'expédition au Taïwan.1875-Traité de Saint-Pétersbourg de 1875. La Russie et le Japon déterminent leur frontière : l'île de Sakhaline appartiendra totalement à celle-là, tandis que tout l'archipel des Kouriles à celui-ci.-Promesse de la monarchie constitutionnelle : jusqu'ici sans loi fondamentale qui contrôle le gouvernement, l'édit impérial promet l'élaboration de la Constitution.-Fondation du Genrôin 元老院, conseil legislatif; ses membres sont nommés par l'empereur, et son pouvoir est limité, car le gouvernement peut lui demander l'approbation a posteriori des lois qu'il a promulguées à lui seul. Le conseil sera remplacé par la chambre haute de la Diète.-La loi contre la calomnie et l'ordonnance des journaux émises pour contrôler l'opposition, notamment le mouvement pour la liberté et les droits du peuple (jiyû minken undô 自由民権運動).
-Incident de Ganghwa : la provocation militaire du Japon à l'égard de la Corée. Un navire militaire nippon, en mission d'arpentage sans permission de la Corée, s'approche de l'île importante de Ganghwa. Les batteries coréennes ouvrent le feu; le navire riposte et réussit à occuper une d'elles et à la détruire.-Plusieurs rébellions des anciens samouraïs mécontents. -Commencement du processus de l'annexion du Ryûkyû : le Ministère de l'intérieur exige au Ryûkyû-han de ne plus apporter le tribut à la Chine, ni accepter la nomination du roi par l'empereur chinois; de ne pas utiliser l'ère chinoise; et enfin que le roi vienne en personne à Tokyo pour exprimer ses « remerciements » à l'empereur japonais. Le gouvernement du Ryûkyû refusera ces exigences, voulant conserver le statu quo.1876-Signature du Traité d'amitié entre le Japon et la Corée (Traité de Ganghwa). Celle-ci est forcée à accepter un traité inégal, tout à fait comme ceux entre le Japon et les pays occidentaux, notamment avec l'extraterritorialité des résidents japonais.-Interdiction de porter le katana, symbole des samouraïs.-SHÔ Tai, roi de Ryûkyû, envoie un émissaire secret en Chine pour se plaindre de l'interdiction par le Japon d'apporter le tribut à la dynastie Qīng.1877
-Rébellion de Satsuma (Seinan Sensô 西南戦争). SAIGÔ Takamori, dans l'opposition depuis 1873, dirige l'insurrection des anciens samouraïs de Satsuma dont il est originaire. Au bout des batailles féroces, les rebelles seront battus par l'armée gouvernementale de conscription et SAIGÔ se suicidera. Le peuple le condérera pourtant comme un des héros tragiques qu'il adore depuis toujours.-La reine Victoria prend le titre de l'impératrice de l'Inde.1878-Établissement du système administratif local modernisé : les lois concernant l'administration locale sont promulguées.-Échec de la négociation de la révision du traité de commerce avec les É.-U. Ils refusent au dernier moment d'accorder au Japon la liberté de décider ses taxes.-La première des lois antisocialistes par Bismarck contre les sociaux-démocrates.1879
-Annexion du Ryûkyû au Japon (Ryûkyû shobun 琉球処分) : fort d'environ 160 policiers et de 410 militaires, le représentant du Ministère de l'intérieur déclare unilatéralement à la capitale du Ryûkyû l'abolition du han et l'établissement du département d'Okinawa. L'ancien roi SHÔ Tai et sa famille seront emmenés de force à Tokyo. Malgré la résignation du roi, les résistances seront conduites plus ou moins tenacement jusqu'à la fin de la première guerre sino-japonaise (1894-95).1880-Projet du traité sino-japonais avec la partition de l'archipel de Ryûkyû : par l'intermédiaire de l'ex-président américain Ulysses Grant, les deux gouvernements sont une fois tombés d'accord sur la partition du territoire de Ryûkyû, le Nord appartenant au Japon et le Sud (îles Ishigaki, Miyako et les autres) au nouveau royaume de Ryûkyû sous la suzeraineté chinoise. La Chine la refusera pourtant au dernier moment.-Fondation du Kokkai Kisei Dômei 国会期成同盟, Ligue pour l'établissement de l'Assemblée nationale. Succédant au mouvement pour la liberté et les droits du peuple (jiyû minken undô), elle réclame la politique parlementaire au lieu de l'autocratie du gouvernement dirigé surtout par les clans de Chôshû et de Satsuma. Sa pétition sera cependant tout simplement rejetée.-Le gouvernement oppirime les mouvements populaires par l'Ordonnance des réunions (shûkai jôrei 集会条例).-La Ligue pour l'établissement de l'Assemblée nationale récolte 130000 signatures qui réclament le parlement.1881-Fondation du Parti libéral (Jiyûtô 自由党) : La Ligue pour l'établissement de l'Assemblée nationale s'est transformée en parti politique dirigé par ITAGAKI Taisuke comme président. Au sein du parti il y avait cependant une opposition sérieuse entre les modérés et les radicaux qui voulaient même les insurrections populaires.
-Scandale de corruption du Bureau de colonsation de Hokkaidô (Hokkaidô Kaitakushi 北海道開拓使). Au bout du Projet du développement pour dix ans, son directeur KURODA Kiyotaka 黒田清隆 veut vendre les établissements industriels et agricoles fondés par le Bureau par l'intermédiaire de GODAI Tomoatsu 五代友厚, homme d'affaire originaire de Satsuma comme KURODA. Le prix fixé fait pourtant un grand scandale, car le Bureau va lui vendre ce à quoi il a investi 14 millions de yen à seulement 380000. ÔKUMA Shigenobu 大隈重信, ministre de Finance, s'y oppose fermement et l'opinion public le soutient.-La crise politique de 1881 (Meiji Jûyonen no Seihen 明治十四年の政変) : la division du gouvernement devient irréparable par suite du scandale susdit. ÔKUMA Shigenobu et ses amis, partisans du régime parlementaire à l'anglaise, doivent partir, laissant au pouvoir ceux qui soutiennent le régime autoritaire à l'allemande.-Édit de l'établissement du Parlement. Afin de calmer l'opinion public agitée par le départ d'ÔKUMA, le gouvernement promet l'établissement du Parlement en 1890 et la prochaine promulgation de la Constitution.-Finance déflationniste de MATSUKATA : face à l'inflation galopante après la Rébellion de Satsuma (Seinan Sensô), MATSUKATA Masayoshi 松方正義, nouveau ministre de Finance, ose restreindre la finance et mener la politique d'austérité. La privatisation des établissements industriels nationaux, l'augmentation des impôts et la réduction d'envergure du budget soulageront la dette gouvernementale et ainsi diminueront l'émission des billets gouvernementaux. Mais la déflation causera surtout la baisse des prix de produits agricoles, ce qui précipitera encore la décomposition de la communauté rurale.1882-Inauguration de la Banque du Japon. Les billets seront émis dorénavant par la banque centrale.-Fondation du Parti progressiste constitutionnel (Rikken Kaishintô 立憲改進党) par ÔKUMA Shigenobu et ses amis. Représentant surtout la bourgeoisie urbaine, il réclame la monarchie constitutionnelle à l'anglaise.-Fondation du Tôkyô Senmon Gakkô 東京専門学校, école privée de hautes études, par ÔKUMA Shigenobu. Il sera rebaptisé Université Waseda (Waseda Daigaku 早稲田大学) en 1902.-Incident de Fukushima (Fukushima jiken 福島事件) : la politique autoritaire du préfet de Fukushima, avec la charge trop lourde imposée au peuple pour la construction des routes, a provoqué l'affrontement de la force de l'ordre et le peuple qui réclame les procédés démocratiques. Les principaux dirigeants du mouvement populaire, KÔNO Hironaka 河野広中 entre autres, seront arrêtés et emprisonnés.-Incident d'Imo en Corée : les militaires de l'armée traditionnelle coréenne s'insurgent contre la réforme militaire dictée par les Japonais. Contre ces derniers, Daewongun, père du roi Kojong et xénophobe, veut saisir le pouvoir si le putsch réussit. L'intervention militaire chinoise rétablira l'ordre au détriment des Japonais et aussi de Daewongun.-Effondrement du cours de soie grège à Lyon, centre mondial de sa transaction. Les paysans sériciculteurs japonais en souffriront directement.1883-Publication de la première partie du roman politique « Keikoku Bidan 経国美談 » par YANO Ryûkei 矢野竜渓. Sur la base de l'histoire de Thèbes de la Grèce antique, les aventures de Pélopidas et Épaminondas sont traitées à la manière traditionnelle du yomihon, mais interprétées avec les idées politiques du Parti progressiste constitutionnel auquel l'auteur est adhérent.
-Inauguration à Tokyo du Rokumeikan 鹿鳴館, édifice pour la réception des officiels étrangers et surtout pour le bal. Bâti par Josiah Conder, architecte anglais travaillant pour le gouvernement nippon, il est conçu par le ministre aux affaires étrangères INOUE Kaoru afin de montrer aux étrangers le résultat de l'occidentalisation de son pays. Au demeurant, cette imitation maladroite n'est qu'une singerie : les étrangers s'en moquaient et les nationalistes japonais la critiquaient vertement. 1884-Incident de Chichibu (Chichibu jiken 秩父事件) : une insurrection importante des paysans organisés par les membres radicaux du Parti libéral dans la région montagneuse de Chichibu (dans l'actuel Saitama). Plus de 3000 hommes armés se sont soulevés, sous le drapeau de Konmintô 困民党, Parti du peuple en détresse. Pour la plupart sériciculteurs, ils sont frappés de plein fouet par la baisse du prix de la soie grège et par l'augmentation de l'impôt foncier. Réprimée par l'armée, la révolte est quand même répandue aux autres départements. Plus de 10000 personnes seront inculpées, dont 7 condamnées à mort.-Coup d'État de Gapsin en Corée : les réformistes coréens, aidés par les Japonais, renversent momentanément le pouvoir conservateur. Ils perdront vite devant l'entrée de l'armée chinoise.1885-Réforme du gouvernement : instauration du Cabinet avec le Premier ministre nommé par l'empereur.-Établissement de l'étalon-argent.-Début des travaux du Biwako Sosui 琵琶湖疏水, canal du lac Biwa, qui relie le lac à Kyôto. Son objectif est multiple : le transport fluvial et le service de l'eau courante d'abord; l'alimentation électrique de Kyôto est ajoutée ensuite, avec la construction d'une centrale hydroélectrique à Keage.-Le boulangisme commence à menacer la Troisième République.v. 1885-La polution de l'air et de l'eau par les mines de cuivre à Ashio (Ashio dôzan 足尾銅山; Tochigi) devient de plus en plus grave.1886-Émission des quatre édits concernant l'éducation nationale fondée sur le culte de l'empereur. Ils fixent le caractère autoritaire de l'enseignement japonais, qui sera conservé jusqu'à la défaite japonaise de 1945.-Mise en fonction du haut fourneau de l'usine sidérurgique de Kamaishi (Kamaishi Seitetsusho 釜石製鉄所; Iwate).1887-Mise en service de l'électricité à Tokyo.-Déclaration de l'opinion par KATAOKA Kenkichi 片岡健吉 adressée au Genrôin, Conseil legislatif. KATAOKA prend trois sujets qui attirent l'attention du peuple : révision de la diplomatie peu ferme, réduction de l'impôt foncier, établissement de la liberté d'expression et de réunion.-Ordonnance de la sécurité publique (Hoan-jôrei 保安条例) : le gouvernement renforce l'oppression sur les opposants, banissant de Tokyo les principaux dirigeants de l'opposition. KATAOKA Kenkichi bravera le ban et sera incarcéré pendant deux ans et demi.1888-Création du Conseil Privé de l'Empereur (Sûmitsuin 枢密院). Il va débattre de la constitution à élaborer sous la présidence d'ITÔ Hirobumi.-Fondation du périodique Nihonjin 日本人 (Les Japonais) par MIYAKE Setsurei 三宅雪嶺 et ses amis. Il critique vivement le gouvernement de point de vue nationaliste, surtout à propos de la politique de l'occidentalisation superficielle. Il sera plusieurs fois interdit ou suspendu.-Intronisation de Guillaume II, empereur allemand et roi de Prusse.1889
-Promulgation de la Constitution de l'« Empire du Grand Japon » (Dai-Nippon Teikoku Kenpô 大日本帝国憲法). Prenant comme modèle la constitution allemande autoritaire de Bismarck, elle est donnée unilateralement par l'empereur et sera mise en vigueur sans approbation des représentants du peuple. Sans parler de la mégalomanie enfantine de se dire « Grand Japon », elle a un défaut fatal : l'armée nipponne ne dépend que du monarque et n'est pas contrôlé ni par le gouvernement ni par le parlement.-Premier conflit de travail dans la filature japonaise : à l'usine de Tenma Bôseki 天満紡績 à Osaka, les ouvrières demandent en collectivité la hausse de salaire; l'annonce de licenciement des leaders renforcera encore le mouvement et la solidarité des travailleurs. La compagnie acceptera finalement la demande.-La ligne Tôkaidô du chemin de fer national relie Tokyo à Kobé, via Nagoya, Kyôto et Osaka.1890-Publication de la nouvelle Maihime 舞姫 (La danseuse) par MORI Ôgai 森鴎外.-Édit sur l'éducation Kyôiku chokugo 教育勅語. Il proclame l'éthique fondée sur l'obéissance absolue à l'empereur, le dévouement filial aux parents et l'auto-sacrifice; par contre, l'originalité individuelle, la liberté d'opinion, ou la dignité de la personnalité sont tout simplement excluses.-Premières élections législatives.-Première Diète ouverte. Le gouvernement n'est a priori pas responsable à elle, mais à l'empereur : ce n'est pas le régime parlementaire proprement dit. -Mise au point du sérum de l'antitoxine du Tétanos par KITASATO Shibasaburô 北里柴三郎, disciple de Robert Koch à Berlin.1891
-UCHIMURA Kanzô 内村鑑三, protestant et enseignant au Premier lycée supérieur (Daiichi Kôtô-chûgakkô 第一高等中学校; actuelle Faculté des Arts libéraux de l'Université de Tokyo), ne fait pas la révérence profonde devant la copie de l'Édit sur l'éducation. Sous une énorme pression de la part de la droite, il devra bientôt partir.-Incident d'Ôtsu (Ôtsu jiken 大津事件) : le prince héritier russe (futur Nicolas II) en visite au Japon est blessé par un policier en service de sureté. Le gouvernement préoccupé de la réaction de la Russie fait pression sur le tribunal pour l'application du crime de lèse-majesté, en vue de condamner l'auteur à la peine de mort. Le président de la Cour de cassassion KOJIMA Korekata le refuse pourtant, interprétant strictement le Code pénal. Le policier sera condamné à la perpétuité.1892-Création du quotidien populaire Yorozu Chôhô 万朝報. Plein de potins et de petites nouvelles, le journal sansationnaliste est inspiré des idées socialistes et attire la vaste classe ouvrière.1893-Création du quotidien populaire Niroku Shinpô 二六新報. Comme son précurseur Yorozu Chôhô, il n'hésite pas attaquer la classe dominante, voire le gouvernement.1894-Première grève dans l'industrie japonaise : à Tenma Bôseki, les ouvriers font la grève pour demander à la compagnie le licenciement des cadres qui se comportent tyraniquement envers eux. Non comme en 1889, ils perdront la lutte cette fois-ci.-Traité de commerce et de navigation entre le Japon et la Grande Bretagne. Les Japonais obtiennent l'abolition de tribunal consulaire et la liberté partielle de taxer les produits britaniques.-Rébellion paysanne du Donghak en Corée. Pour la répression, la Chine et le Japon envoient leurs troupes. Ils s'affronteront l'un l'autre.
-Déclenchement de la première guerre sino-japonaise. L'enjeu en est la Corée : la Chine veut toujours la garder sous sa suzeraineté, tandis que le Japon veut la lui arracher. La Russie veut profiter du conflit entre la Chine et le Japon.-Massacre de Port-Arthur : après la prise d'assaut de la ville portuaire Lǚshùnkǒu 旅順口 (appelée Port-Arthur par les Anglais), les Japonais ont tué entre 1000 et 20000 soldats et civils chinois. Le nombre des victimes varie beaucoup selon les sources, mais le massacre lui-même est indiscutable si l'on croit le témoignage de Frederic Villiers, journaliste de guerre anglais et grand ami du Japon.-Début de l'affaire Dreyfus : le capitaine est injustement condamné pour la trahison.1895
-Fin de la première guerre sino-japonaise par la victoire du Japon. Le traité de paix (Traité de Shimonoseki, ou Traité de Maguan) prescrit l'indépendance de la Corée, la cession du Taïwan et ses îles annexes et de la péninsule du Liáodōng, le paiement d'une colossale indemnité de guerre, et l'ouverture des 7 ports chinois aux Japonais. -La triple intervention (Sangoku kanshô 三国干渉) : La Russie, la France et l'Allemagne interviennent contre la cession de la péninsule du Liáodōng prescrite dans le traité de Shimonoseki. Le Japon y renoncera malgré lui.-Assassinat de Minbi 閔妃, reine coréenne, perpétré dans le palais royal même par les Japonais sous la direction du ministre plénipotentiaire MIURA Gorô. Elle voulait l'alliance avec la Russie pour contrarier le colonialisme japonais.1896-Fondation du Parti progressiste (Shinpotô 進歩党) sous l'initiative d'ÔKUMA Shigenobu. Avec 99 députés, il va participer au gouvernement avec ÔKUMA comme ministre aux affaires étrangères.-Premiers Jeux Olympiques à Athènes.1897-Etablissement de l'étalon-or, bénéficiant de l'indemnité de la guerre sino-japonaise.-Découverte du bacille responsable de la dysenterie par SHIGA Kiyoshi. Il sera baptisé Shigella dysenteriae.-Publication du roman populaire « Konjiki Yasha 金色夜叉 » par OZAKI Kôyô 尾崎紅葉, sous forme de feuilleton dans le journal Yomiuri.-La Corée se rebaptise l'Empire de la Grande Corée. 1898-Augmentation de l'impôt foncier.-Découverte du radium par Marie Curie et son mari Pierre.1899-Les traités inégaux sont révisés : l'extraterritorialité est abolie au Japon.-Première conférence de La Haye (Conférence internationale de la paix) sous l'initiative de Nicolas II de Russie.