Portrait japonais de saint François Xavier

Portrait de saint François Xavier (Musée municipal de Kobé).
Peinture colorée sur le papier du Japon, à 49 cm de large et à 61 cm de haut, avec les couleurs traditionnelles du pays.
Le saint dit de sa bouche : « Satis est, Domine, satis est (Cela suffit, Seigneur, cela suffit.) »; au-desous du portrait, l'inscription en latin précise à qui est cette image : « Sanctus Pater Franciscus Xaverius Societatis Iesu ». En bas, dans la zone dorée il y a une autre inscription en caractères chinois : « 瑳布落怒青周呼山別論廖瑳可羅綿都 » ([1]), qui se traduit comme San Francisco Saverius Sacramento. Associé à l'inscription, il y a la signature probable du peintre « 漁父 環人 », avec le sceau en forme de pot.
L'ouvrage a été découvert en 1920 dans une maison particulière au village enclavé Sendaiji 千提寺 à Ibaraki 茨木 (Osaka). On l'a trouvé avec les autres objets chrétiens dans un vieux coffre que l'on ne devait pas ouvrir depuis des générations.
Les traits de l'image ressemblent en général à ceux des autres peintures faites aux ateliers annexes aux séminaires catholiques, mais le visage n'a pas de rondeur douce comme les autres ([2]).
Ce portrait de saint François Xavier est fait évidemment au Japon. Jugeant sur le pseudonyme 漁父 (pêcheur), le peintre était peut-être baptisé Pierre, comme saint Pierre qui était pêcheur sur le lac de Tibériade ([1]). D'autre part, le sceau en forme de pot est caractéristique de l'école des KANÔ. On est amené ainsi à penser à Pierre KANÔ Gensuke 狩野源助, qui était actif comme peintre de cette école et important parmi les fidèles de l'Église unvierselle au début du 17e siècle.
La date d'exécution est sans doute peu après la canonisation du saint en 1622, déjà en pleine persécution des chrétiens sous le shogunat. Grace Vlam considère pourtant que la peinture ne date pas plus tard que de 1614, année du durcissement de la persécution, citant plusieurs exemples du mot « saint » utilisé avant la canonisation ([3]). Personnellement, ses arguments ne me semblent quand même pas très convaincants.
Peint tardivement, ce portrait doit beaucoup aux images précédentes. On dit qu'il est inspiré surtout par une illustration par Jérôme Wierix dans la biographie du saint due au jésuite italien Orazio Torsellino éditée à partir de 1596 ([2], [3]). Notons qu'il n'y a naturellement pas de mention « sanctus » dans l'image de Wierix.